4 DÉCEMBRE 2020

J’écris de 2020. J’écris pour ne pas oublier, j’écris comme on crève un abcès, comme on se déleste d’un trop lourd fardeau. J’écris pour le moment où ces mois ne seront plus qu’un lointain mauvais souvenir. J’écris pour réussir à envisager l’après.

Une année en suspension où le temps s’étire à l’infini. L’épais brouillard du présent nous empêche d’entrevoir l’avenir. 2020 se résume à une poignée de mots. Attendre, suspendre et  prétendre. Attendre une amélioration, suspendre les projets et prétendre que cela va s’arranger. Avec toujours tapie dans l’ombre la crainte que rien ne va changer. 

Les nouvelles sont mauvaises d’où qu’elles viennent. 
Le cœur des villes bat au ralenti, engourdi non pas par le froid, mais figé dans une attente où l’espoir peine à trouver sa place.
Derrière les vitrines closes, des chaises recouvertes de poussière, des éclats de rêves brisés, des larmes qui coulent et des cordes qui se balancent.

Est-ce que ce monde est sérieux ? 
Impression de reculer, de s’enfoncer dans le chaos. Sentiment d’urgence, d’exaspération. L’insouciance est en voie d’extinction, à l’instar de milliers d’espèces vivantes. 

Je rêvais d’un autre monde.  
Quel avenir s’offre à ceux que j’ai enfantés ? Sensation d’un lent naufrage. Folle envie d’y croire malgré tout, de faire d’intenables promesses à cette génération qui serait en droit d’être désenchantée. 

J’ai la tête qui éclate, je voudrais seulement dormir.
Trop de bruits, trop de voix discordantes, trop de confrontations. 
Réaction sur-réaction. 
J’aspire à la tempérance, mais le mot autant que l’attitude ne sont plus que des reliques.
Être pour ou contre, ou ne pas être. 
D’aucuns se révoltent, contestent ou protestent.
Moi, je n’ai trouvé de repos que dans l’indifférence.