Ana Cazor

Le jour, la nuit, chaque jour tu travaillais.
Tu étais là quand même, je t’apercevais.
Mes cauchemars, mes insomnies, tu ne les entendais pas.
Qui aurait pu les comprendre ?
Maman me disait : « papa t’aime ».

J’ai hérité de ton goût du silence.
Mais les jeudis après-midi en pansant Amour de Tiri,
On a surmonté l’écueil des non-dits.
Le temps que tu m’as donné, tout ce que tu faisais, j’ai compris :
Papa m’aime très fort.

J’avais 16 ans.

Un jour, je ne sais plus quand, tu as parlé,
Un jour, parce que c’était le moment, tu me l’as dit.
Probablement un de ces jours où j’étais tombée. 
Et moi aussi je te le dis : « je t’aime ».

Tu m’as tout partagé : les abeilles et tes plus saines colères aussi.
Elle est haute ta barre de l’humanité.
C’est ma boussole quand je suis déconcertée.

Cette lettre, je vais la signer de mon nom,
Pas celui que tu m’as donné,
Pas que je ne l’aime pas, qu’on soit clair,
Celui de plume que je me suis choisi.
Dans tes yeux j’ai lu l’autorisation d’être celle que je suis :
Poète, forte d’un amour inconditionnel.

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