Marie Pierre Bonniol

Essayer de t’écrire me place dans un triangle infernal entre la réalité, la fiction et ta perte de langage, ton intérieur psychique qui s’effondre, ton corps qui ne bouge pratiquement plus. Comment utiliser les mots ? Je ne peux m’adresser à toi plus que dans mon cœur, ne sachant même plus entre quels bords tu te trouves, et si et comment tu nous imagines et nous perçois. Tu pars. Je t’aime. Tu m’as transmis un courant de confiance et de foi. Je le transforme à mon tour en voile doux, dont je borde ton visage, tes mains et tes pensées. Je suis quelque chose qui n’existe pas, mais qui te fait du bien. Je suis une filiation. Une fille qui a ton nom, ton prénom, ta taille, tes lunettes. Ton nez. Dors mon grand Papa. Tu as été un bon père. Sens-toi aimé.

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