Clemens Böckmann

Hier a encore été un de ces jours où je n’ai pas été ce que je devrais être. 

Boxer, je ne l’ai pas été et je ne le suis pas devenu, tout comme aviateur, quoi qu’un peu, plus ou moins, en jouant sur les mots, sur les bords. J’étais devenu écolier et n’étais pas devenu écolier. Avais commencé à apprendre puis avais abandonné. Toujours et encore je me cognais, non pas au savoir, mais à son apprentissage. J’étais devenu une tortue et un lièvre, j’étais une fracture éclatée dans un os de l’avant-bras. J’avais perdu des dents et rencontré en chemin d’immenses cuillères. J’avais vu un soir une seringue dans son emballage et était devenu la seringue traversant la peau tout juste anesthésiée. J’étais une part de gâteau sur la table à manger. J’étais là pour être tranché. J’étais là parce qu’il fallait que je devienne. 

C’est beaucoup plus tard, quand je ne vivais plus depuis bien longtemps dans cette maison sans fin, que je vis ce qui avant me paraissait impossible : à toi aussi, il t’est arrivé des choses. Tu n’as pas oublié comment marcher, certainement pas, ni comment compter. Ce qui m’a fait devenir adulte, c’est ce qui t’a fait devenir en premier lieu. 

Je reste sur mes positions : enfant, on le devient constamment.   

Traduction de l’allemand par Delphine de Stoutz

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